C’est à l’occasion d’un voyage de presse organisé sur l’exploitation d’Eric Frétillère, président d’Irrigants de France, à Saint-Rémy-sur-Lidoire la semaine dernière, qu’il a pu évoquer les enjeux majeurs autour du maintien et de la préservation d’une irrigation durable : cohérence des politiques publiques et gestion locale du partage de l’eau, accès à la ressource et développement du stockage, amélioration de l’efficience de l’usage de l’eau et investissement dans l’innovation.
A l’aube du départ du « Convoi de l’Eau » ayant fait d’une réserve d’eau, une « méga-bassine » par idéologie et succédant aux extrêmes violences de Sainte-Soline, et alors que les effets du changement climatique sont criants pour les agriculteurs : jamais il n’aura été plus urgent de communiquer sur la réalité de l’irrigation sur nos territoires et sur l’importance de préserver cette pratique essentielle tant à la souveraineté alimentaire de notre pays et qu’à la pérennité des petites et moyennes exploitations.
Avoir accès à l’eau est déjà indispensable par endroit, et le sera davantage demain pour continuer à produire. Déterminé à anticiper et relever les enjeux fondamentaux autour de l’usage de l’eau en agriculture, Irrigants de France identifie trois priorités :
- Cohérence des politiques publiques et gestion locale du partage de l’eau : si l’eau potable doit évidemment rester la priorité, nous appelons à faire de l’agriculture le deuxième usage prioritaire de la ressource tel que fixé par la directive cadre sur l’eau. Nous plaidons également pour qu’un Secrétariat Général de l’eau soit créé et pour que la gouvernance des projets de territoire se fassent bien à une échelle locale.
- Accès à la ressource et développement du stockage : sans eau d’irrigation, il n’y aura plus d’alimentation demain. Face au changement climatique et à la croissance démographique, assurer un accès à l’eau à chaque agriculteur est une question de sécurité alimentaire. Le stockage est une des solutions mobilisables à l’échelle locale, notamment en développant des projets fondés sur la nature qui répondent à toutes les attentes sociétales : nourrir la population, préserver le milieu, maintenir la biodiversité et produire de l’énergie décarbonée.
- Amélioration de l’efficience de l’usage de l’eau et investissement dans l’innovation : en 20 ans, la France a réalisé 30% de gain d’efficience en irrigation grâce à l’évolution des pratiques, des matériels et des connaissances. Il faut continuer dans cette voie en utilisant tous les leviers à notre portée : la recherche variétale et la génétique des plantes comme les nouvelles techniques d’édition génomique (NTG) ; le développement et l’accès à des matériels innovants comme les outils d’aide à la décision (OAD) ou les stations météo ; ou encore le numérique et la data qui permettront de démultiplier les données accessibles et donc l’extrême précision des pratiques d’irrigation.
« Il n’existe pas de solution unique face à l’enjeu de l’eau, dont la France ne manque pas : c’est bien la combinaison des projets de stockage sous toutes leurs formes, de réutilisation des eaux usées traitées ou encore de transferts de grands cours d’eau associés à l’amélioration continue des pratiques et à l’investissement dans la recherche et le développement d’innovations qui nous permettra de relever ce défi majeur. » déclare Eric Frétillère, président d’Irrigants de France.
« Pour continuer à produire et ainsi garantir notre sécurité alimentaire, il faudra demain que chaque agriculteur ait accès à l’eau sur son territoire. Il est de notre responsabilité d’y travailler de façon durable, dès maintenant, pour assurer notre avenir à tous. »