Couverts d’interculture : viser une biomasse suffisante. L’introduction d’un couvert entre deux maïs fait maintenant partie des outils mobilisables pour remplir les règles de conditionnalité de la BCAE n°7 de la PAC 2023-2027. Souvent vécu comme une contrainte, le
couvert peut toutefois apporter des bénéfices non négligeables s’il arrive à produire une biomasse suffisante. La difficulté est donc d’arriver à implanter le couvert assez tôt après une récolte de maïs grain, ce qui peut être très difficile dans certains secteurs les années pluvieuses. Malgré tout, il faut viser une implantation la plus précoce possible afin de maximiser les bénéfices : préservation de la structure
du sol, lutte contre l’érosion, fixation d’azote dans le cas des légumineuses.
Le chiffre du mois : 13,1 MT, c’est le volume de collecte en maïs grain de l’année 2023.
COMMENT INTRODUIRE UN COUVERT ENTRE DEUX MAÏS ?
Dans le cas d’un précédent maïs, il existe trois grandes techniques d’implantation d’un couvert d’interculture : sous couvert du maïs (à l’occasion d’un binage par exemple), avant la récolte ou après récolte. Cette dernière option est la technique la plus facile à mettre en œuvre, notamment derrière maïs fourrage où peu de résidus gêneront le matériel de semis et la levée des couverts. Les températures disponibles sont en général suffisantes pour obtenir un couvert moyen à développé en sortie d’hiver. Le couvert doit être présent a minima entre
le 15 novembre et le 15 février. Peu importe l’espèce implantée, l’obligation de résultat porte sur la levée du couvert.
Les couverts produisent plus de biomasse derrière un maïs fourrage que derrière un maïs grain
Cette pratique est plus délicate à mettre en œuvre derrière maïs grain. Les résidus très abondants peuvent rendre peu opérationnels les semoirs conventionnels en semis simplifié sans labour. Le semis à la volée combiné à un déchaumage superficiel à 5 cm est une solution
pour de nombreuses exploitations. Les grosses graines type féverole, pois et céréales peuvent être épandues avant le déchaumage et les petites graines devant le rouleau du déchaumeur. Les dates de récolte du maïs grain sont aussi fréquemment un frein au développement du couvert. Les sommes de température disponibles sont limitantes dans bien des cas. En général, les couverts produisent plus de biomasse derrière un maïs fourrage que derrière un maïs grain, à sommes de température identiques (figure 1). Les causes peuvent être multiples : effet des résidus, de l’azote disponible ou des dates d’implantation…
Attention aux destructions tardives
La capacité à faire un couvert correct compte tenu de l’offre climatique n’est pas le seul critère de conduite de l’interculture. Il faut en effet penser à préserver le rendement du maïs qui suit. Les destructions tardives (1er avril dans nos simulations) posent en effet question. Le
couvert a de grandes chances d’amputer prématurément la réserve en eau du sol, hormis en région très arrosée. Si le couvert ne contient pas de légumineuse, il va également avoir un effet dépressif pour l’azote disponible pour le maïs. Enfin, il faut prendre en compte la levée du maïs. Les sols argileux ou limonoargileux ne sont pas bien adaptés à des destructions printanières des couverts (lits de semences motteux à cause de sols « plastiques » au printemps). Seuls les sols légers comme les limons ou les implantations très simplifiées en semis direct sous couvert se prêtent à des couverts détruits assez tard.
D’autres techniques d’implantation plus « risquées »
Il est également possible d’implanter la culture intermédiaire sous couvert du maïs, à l’occasion d’un binage par exemple. Le stade du maïs peut alors varier en fonction de l’espèce semée (de 3 feuilles environ en cas de légumineuses à 6-8 feuilles en cas de RGI). Cependant, cette technique limite fortement les herbicides utilisables, la plupart ayant des effets résiduels préjudiciables à la levée ou au développement du couvert : les implantations précoces (3 feuilles) limitent les possibilités de rattrapage chimique ou mécanique du désherbage. Par ailleurs,
l’ombre faite par le maïs, notamment sous maïs grain, est un autre frein à la réussite de ce type de couvert. De plus, en l’absence d’irrigation, la cohabitation d’un couvert avec le maïs peut pénaliser le rendement de la culture. Dernière option : anticiper le semis du couvert en semant quelques jours avant la récolte du maïs. La principale difficulté réside ici dans la mise en œuvre en « survolant » le maïs : drone, hélicoptère, enjambeur. Toutes les espèces de couverts ne sont pas adaptées à cette technique. Une approche régionalisée combinant
différentes contraintes (type de sol, climat, potentiel de rendement des cultures réalisables dans la région…) reste à faire pour envisager différentes options dans les parcelles concernées par la BCAE n°7 afin de trouver la moins préjudiciable économiquement entre mise en place de couverts et allongement de la rotation.