AGPM Info technique 519

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Désherbage 2022 : trouver le bon compromis entre conditions sèches et prix des intrants. Les conditions particulièrement sèches de la campagne 2022 sont propices à la mise en œuvre des interventions mécaniques, en complément des programmes chimiques plus classiques. Dans un contexte de prix élevés des intrants et du carburant, une analyse à plusieurs niveaux (nature de la flore présente, matériel disponible, temps de travail nécessaire et prix des intrants) est plus que jamais nécessaire pour définir son programme de désherbage.

Le chiffre du mois : 30 à 40 % c’est le gain de temps estimé par Arvalis pour un binage réalisé via un guidage de type caméra HD.

DÉSHERBAGE EN CONDITIONS SÈCHES

Les semis se sont déroulés pour l’essentiel sur la fin du mois d’avril et depuis, les pluies se font attendre. Les conditions sèches compliquent le positionnement des applications d’herbicides. Le recours aux outils mécaniques ou aux stratégies mixtes peut se révéler intéressant dans ce contexte.

Avant tout : s’adapter à la flore adventice
Il est important de bien identifier lors des visites de parcelles des années précédentes, la flore majoritaire de ces parcelles. Cette indication va orienter le programme (un ou plusieurs passages) et le positionnement des interventions (prélevée pour la gestion des graminées ou postlevée pour gérer les dicotylédones).

Adapter la prélevée en conditions sèches
Les herbicides appliqués en prélevée nécessitent un cumul minimal de 10 mm de pluie dans les 10 jours qui suivent l’application pour garantir une efficacité optimale. Cependant, si ces conditions ne sont pas réunies et si la pression en graminées est forte dans la parcelle, il convient tout de même de réaliser l’opération en essayant de la positionner au plus près du semis pour bénéficier de l’humidité résiduelle (dans les 24h après semis). En effet, en conditions sèches, l’efficacité des chloroacétamides n’est pas nulle et limitera le risque d’avoir à gérer en postlevée des situations non contrôlables par des produits foliaires (graminées résistantes aux sulfonylurées notamment). Cette intervention permettra notamment de faciliter le positionnement de la post-levée en regroupant les levées et en homogénéisant les stades de développement des adventices. La gestion des ray-grass impose le recours à la prélevée, notamment avec la présence de populations résistantes aux inhibiteurs de l’ALS pour lesquelles les solutions de postlevée, dont les sulfonylurées, sont inefficaces. Dans ces contextes, pour éviter des situations incontrôlables en postlevée, il faudra malgré tout envisager une intervention, soit juste après le semis en espérant avoir l’humidité résiduelle suffisante, soit en postlevée très précoce à 2 feuilles du maïs pour des pressions un peu moins importantes, avant la levée des ray-grass.

Positionner la Post-levée :
Le report en postlevée précoce (1-3 feuilles du maïs, adventices en cours d’émergence) avec des associations à base de Dual Gold Safeneur ou Isard avec une tricétone (Callisto, LaudisWG) et/ou une sulfonylurée, constitue une option possible. La thiencarbazone-méthyl (Adengo Xtra, Capreno) peut également être utilisée en association avec un chloroacétamide ou une sulfonylurée (nicosulfuron) en postlevée précoce. Ce type de stratégie, testée depuis des années dans les réseaux d’essais, présente l’avantage d’être moins sensible aux conditions climatiques que la prélevée seule dans la mesure où une partie de l’efficacité est assurée par les herbicides foliaires sur les premières adventices levées. Toutefois, si les conditions sèches persistaient, le relai antigerminatif attendu des produits racinaires ne serait pas optimal et un rattrapage pourrait s’avérer nécessaire.

Des conditions propices au désherbage mécanique
Que l’on soit en système conventionnel ou en bio, les conditions sèches que nous rencontrons ce printemps sont favorables au désherbage mécanique. Sur des jeunes maïs (à partir du stade 2 feuilles), il est possible d’utiliser une herse étrille ou roto-étrille si le sol le permet (peu ou pas caillouteux, pas trop motteux, non battu et pouvant s’émietter facilement). Ces interventions n’ont pas la persistance d’action d’un herbicide racinaire mais peuvent s’avérer très pertinentes dans ces situations où les adventices commencent à lever (le stade optimum d’intervention est le stade filament). Dans tous les cas, quel que soit le matériel utilisé, un semis profond de 4 à 5 cm et régulier permettra à la culture de supporter plus aisément ces passages mécaniques précoces. Un test préalable sur un bout de parcelle, hors fourrière, pourra permettre de vérifier l’adéquation entre la vitesse d’avancement et l’état de germination du maïs afin d’éviter d’éventuels dégâts sur la culture. Rappelons que pour que le désherbage mécanique soit efficace, il faut que les adventices soient à des stades très jeunes : le stade optimum d’intervention étant le stade filament, et que l’intervention soit suivie de 3 ou 4 jours sans pluie et préférentiellement avec un temps séchant (chaud, sec, venteux…).

Envisager les stratégies mixtes
Même dans un contexte de prix élevés des intrants, le désherbage mixte du maïs, combinant interventions mécaniques et applications herbicides, tire son épingle du jeu d’un point de vue économique. A contrario, les temps de travaux augmentent en moyenne d’une heure par hectare pour le binage, avec une bineuse classique, deux passages étant justifiés pour une efficacité satisfaisante.