STOP ! Alors que la guerre frappe et que la famine guette à nos portes, des activistes ont vandalisé un train de céréales ici et détruit des installations d’irrigation là, parfois-même soutenus par des personnalités politiques. Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas de désaccord entre modèles agricoles, comme on veut nous le faire croire ; c’est l’agriculture française qui est attaquée. Et ce alors même qu’elle doit produire plus pour pallier les effets dévastateurs du conflit en Ukraine et s’adapter d’urgence au changement climatique. Produire plus et mieux c’est possible si on s’en donne les moyens et pour la France – dotée d’un climat propice et d’agriculteurs performants – c’est une vraie responsabilité. Il ne faut plus tolérer l’inacceptable : le droit doit être respecté et ces exactions barbares doivent cesser !
Le chiffre du mois : 55 % C’est la part des importations de maïs provenant d’Ukraine dans l’Union Européenne.
MARCHE
La guerre continue de faire rage en Ukraine avec son lot de désolations pour la population. Dans ce contexte, l’incertitude est grande sur les surfaces qui seront semées en 2022 dans le pays et les importateurs européens s’interrogent sur leurs approvisionnements.
LES MAÏS EUROPÉENS PLÉBISCITÉS
Un mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le conflit perdure. Il limite drastiquement les exportations ukrainiennes de maïs alors que celles-ci comptent pour 55% de l’approvisionnement de l’UE qui compte parmi les 1ers importateurs mondiaux avec 18 millions de tonnes (Mt) par campagne. 5 millions Mt de maïs ukrainien étaient encore attendues entre mars et juin pour terminer la campagne 2021/22 et seront difficilement accessibles à court terme, l’exportation par train, via les pays frontaliers, de quelques dizaines de milliers de tonnes de maïs par semaine restant largement insuffisante pour couvrir les besoins. Cela provoque une forte tension sur le marché européen d’autant plus que les principaux pays importateurs (Benelux, Espagne…) disposent de stocks réduits. Dans ce contexte, les origines européennes sont fortement sollicitées (France, Roumanie, Pologne…). FranceAgriMer, dans son bilan de mars par rapport à février, a ainsi revu en hausse de 220 Kt les exportations françaises vers l’UE. Elles dépasseraient alors 5 Mt pour la campagne en cours, traduisant l’une des forces du maïs origine France : la stabilité et la régularité de l’approvisionnement ! Cependant, les origines européennes ne seront pas suffisantes pour couvrir la fin de campagne. C’est pourquoi les importateurs se tournent vers le Canada et les USA, avant l’arrivée des exportations brésiliennes sur le marché à partir de juillet. Par ailleurs, la Commission Européenne a autorisé temporairement un assouplissement des règles sanitaires à l’importation ce qui devrait rendre possible l’achat de maïs argentin. Cette situation souligne la fragilité des approvisionnements en maïs de l’UE, alors que les surfaces ont reculé de 10% en 20 ans (1 Mha) sous l’effet des distorsions de concurrence et que, pour ses importations de maïs, l’UE dépend à plus de 80% de 2 origines : l’Ukraine et le Brésil. De ce fait, 22% du maïs consommé dans l’UE est importé en 2020 contre 6% en 2000 ! Si l’AGPM est satisfaite d’une première mesure d’urgence autorisant la mise en culture des jachères en 2022, cette situation demande un plan d’action plus global à long terme afin de produire plus et mieux.
QUELLES SERONT LES SURFACES SEMÉES EN UKRAINE EN 2022 ?
Les opérateurs sont également inquiets de l’impact du conflit sur le bilan mondial du maïs. Ils s’interrogent sur les semis de maïs en Ukraine en 2022 et sur les possibilités pour le maïs ukrainien de faire son retour sur le marché mondial. Dans un contexte de logistique extrêmement délicate, tant pour les semis que pour les futures opérations culturales, le Ministère ukrainien de l’Agriculture a annoncé, dans une 1ère estimation, des surfaces de maïs à 3,3 Mha ; en baisse de 39 % par rapport à 2021, tandis que les analystes d’UkrAgroConsult estiment pour le moment les surfaces à 4 Mha, soit une baisse à 29 %. Par ailleurs, la Russie a ciblé des infrastructures nécessaires à l’exportation : des entrepôts mais aussi des infrastructures portuaires avec la récente destruction du terminal portuaire de Bunge à Mikolayiv, l’un des principaux ports d’exportations de céréales. Par ailleurs, une partie des axes routiers et ferroviaires est difficilement praticable du fait des combats, des bombardements et des sabotages, destinés à ralentir l’avancée russe. Enfin, afin de limiter les opérations amphibies, les ports et chenaux ukrainiens sont entravés ou minés.Le retour de l’origine ukrainienne sur le marché après la fin du conflit en sera donc ralenti. Dans ce contexte, tout aléa chez l’un des grands exportateurs de maïs renforcerait encore la tension sur le bilan mondial et le niveau des prix.
L’AGPM AU SALON DE L’AGRICULTURE
Le Salon International de l’Agriculture (SIA) s’est tenu du 26 février au 6 mars avec 502 757 visiteurs, plus qu’en 2020 (alors que le salon avait fermé ses portes un jour plus tôt) mais moins qu’en 2019. L’AGPM a été particulièrement mobilisée lors de cette édition, tout d’abord sur l’espace de l’interprofession INTERCÉRÉALES, Un monde de solutions dans le hall 2.2, mais également, à travers sa section Irrigants de France, sur le stand Irriguer, drainer, manger durablement dans le hall 4.
UN MONDE DE SOLUTIONS
L’AGPM et le maïs étaient représentés sur le stand de l’interprofession céréalière Intercéréales qui avait l’ambition de présenter un monde de solutions, sur un bel espace de 500 m2, comprenant une partie privée pour l’accueil de personnalités et une partie pour l’accueil du public. L’ambition pour le climat était un message central du stand, avec une belle structure circulaire évoquant une bulle d’oxygène et une animation expliquant la photosynthèse et le rôle des céréales pour atténuer le changement climatique. Mais au-delà, l’ensemble des maillons de la filière étaient représentés : l’alimentation animale, avec une animation dédiée, la meunerie avec une maquette de moulin et la transformation, avec un grand fournil organisant des ateliers pour les enfants et des dégustations de pains variés. La présence des cultures céréalières a permis aux professionnels présents sur le stand, agriculteurs et ingénieurs de l’Institut Arvalis, de parler des conduites culturales d’aujourd’hui.
UN MONDE D’ÉLUS
Diverses personnalités politiques ont été reçues du samedi au vendredi par le Président de l’AGPM, Daniel Peyraube, le Secrétaire Général, Franck Laborde ainsi que d’autres membre du Bureau de l’AGPM. Suite à la visite du Premier Ministre Jean Castex, une dizaine de Ministres (Agriculture, Économie, Industrie, Affaires étrangères, Relation juilletavec le parlement, …), ont été rencontrés sur les espaces privés du stand ainsi que 3 candidats à l’élection présidentielle, 6 députés européens, une délégation de la Commission Agriculture du Parlement européen, les membres des Commissions des Affaires Économiques du Sénat et de l’Assemblée Nationale, le Président du Sénat et de nombreux parlementaires français. Les Présidents des régions, notamment des territoires maïsicoles (AURA, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Grand-Est) ont également été sensibilisés aux diverses problématiques territoriales, notamment en matière de gestion de l’eau.
L’UKRAINE AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS
L’actualité ukrainienne et ses répercussions ont été au centre des préoccupations des différents acteurs rencontrés : l’AGPM, au côté de l’AGPB, a affirmé la capacité des maïsiculteurs français à produire et rappelé les principaux freins. L’AGPM a notamment souligné les risques pesant sur les approvisionnements en maïs au niveau européen et les inquiétudes des producteurs liées à l’approvisionnement en engrais azotés à court terme et en engrais phosphatés, à moyen terme, sachant que la France est dépendante de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie, en matière de fourniture d’engrais. La filière maïs a également indiqué que l’approvisionnement en semences de maïs en Europe sera affecté par l’arrêt des usines de production de semences ukrainiennes. L’AGPM a interpellé les élus rencontrés sur la nécessité de revoir la stratégie européenne « de la ferme à l’assiette » afin de libérer pleinement les capacités productives de l’UE et demandé l’accès aux divers moyens de production dans le domaine de la protection des cultures, de la génétique ou de l’accès à l’eau, afin de maintenir un niveau de production suffisant.
LA GESTION DE L’EAU EN QUESTIONS
Irrigants de France était partenaire du stand Irriguer, drainer, manger durablement aux côtés de l’ANDHAR et l’AFEID (Association Française pour l’eau, l’irrigation et le drainage), avec l’APCA, et l’AIRMF (Association des irrigants des régions méditerranéennes françaises). L’objectif était de faire reconnaître le rôle de l’Irrigation et du drainage pour la production française par des informations et de la pédagogie. Un objectif réussi grâce à la tenue de quiz permettant aux visiteurs de tester leurs connaissances sur l’irrigation et le drainage : deux aspects essentiels mais méconnus et souvent critiqués de la production. Les partenaires ont également affirmé leurs engagements en faveur de l’innovation au service de la gestion de l’eau pour une agriculture résiliente et souveraine, via un communiqué de presse envoyé le 3ème jour du SIA.