Le climat nous somme de sortir de l’immobilisme
On ne va pas regarder la pluie tomber du ciel pendant six mois et la chercher les six autres mois de l’année » : C’est ainsi que s’est exprimé Didier Guillaume en août dernier. La suite des évènements nous rappelle qu’il est temps de passer aux actes. Car après les caprices de l’été et ses records, suivent ceux de l’automne et ses inondations aux innombrables dommages économiques.
Et comme d’habitude, l’agriculture subit ces aléas : beaucoup d’agriculteurs se retrouvent dans l’impossibilité de mener à bien leurs travaux. S’ils pouvaient au moins être assurés d’une campagne
d’irrigation sereine ! Si les quelques retenues dont bénéficie notre pays sont déjà pleines pour la plupart, que d’eau perdue, cette année encore, alors que le climat nous somme de sortir de l’immobilisme !
Le chiffre du mois : 88 %, c’est l’augmentation de la consommation de E 85 au cours des 12 derniers mois.
MARCHÉ
BAISSE DES COURS MONDIAUX AU MOIS D’OCTOBRE
Alors que les récoltes se terminent en Amérique du Nord et en Europe, les cours mondiaux ont baissé au mois d’octobre et les premières estimations sur les surfaces de maïs en 2020 sont annoncées. Le mois d’octobre a en effet été marqué par une nouvelle chute des cours américains à Chicago. Malgré son retard et des conditions parfois difficiles (blizzard, neige, pluie…), la
récolte américaine progresse et la production n’a pas été revue significativement à la baisse par l’USDA. De plus, les chiffres de la demande américaine, basés sur la production d’éthanol et les exportations, ne sont pas suffisamment élevés pour atteindre les projections de l’USDA. De fait, les exportations américaines ont été largement concurrencées ces derniers mois par les exportations sudaméricaines et brésiliennes en particulier, y compris vers des clients historiques des États-Unis comme le Japon. Ainsi, avec 2,03 Mt, le mois de septembre aux États-Unis a été le pire depuis 1975 en matière de volumes exportés. Les cours restent également sous pression en Europe sous l’influence de la dynamique mondiale mais aussi en raison de la bonne récolte en céréales à paille et de la récolte de maïs ukrainienne. Les céréales à paille concurrencent le maïs dans les FAB, en particulier en France, et les stocks disponibles en orge devraient limiter les hausses de prix. De plus, la récolte ukrainienne, bien que moins importante qu’attendu, devrait tout de même avoisiner les 35 Mt avec un disponible exportable de 30 Mt. Les exportations ukrainiennes sont d’ailleurs très dynamiques à l’heure actuelle, en particulier vers la Méditerranée et l’Asie.
QUELLES SURFACES DE MAÏS POUR LA CAMPAGNE 2020/2021 ?
Un des principaux indicateurs qui donnera la tendance pour les prochains mois sera le chiffre des surfaces consacrées au maïs. Elles devraient augmenter en France, dans l’UE et en Ukraine du fait des difficultés de semis des céréales d’hiver et du colza. Ainsi, Stratégie Grains prévoit des surfaces européennes pour 2020 en hausse de 2 % par rapport à 2019, avec 8,83 millions d’hectares. La question des surfaces se pose également en Amérique du Sud. En Argentine, celles-ci viennent d’être revues en baisse de 100000 hectares, à 6,3 millions d’hectares, du fait des conditions climatiques et des incertitudes politiques. Au Brésil, le manque de pluie retarde les semis de soja dans les États du sud du pays ce qui pourrait, à terme, réduire la fenêtre de semis optimale pour le maïs safrinha. Aux États-Unis, l’USDA prévoit, à l’heure actuelle, des surfaces en hausse pour la prochaine campagne mais cela pourrait être impacté par l’évolution du différend commercial avec la Chine. A l’heure actuelle, les divergences entre les deux parties semblent encore trop importantes pour espérer un règlement rapide et rien ne dit que le contenu de l’accord, qui reste à négocier,
soit suffisant aux yeux des opérateurs.
CONGRÈS DU MAÏS 2019
C’est à Toulouse, les 13 et 14 novembre 2019, que s’est tenu le Congrès du maïs 2019 organisé par l’ensemble de la filière maïs. Cet évènement a rassemblé 640 personnes : agriculteurs, semenciers, professionnels de l’agrofourniture, acteurs des coopératives et négoces,… Les différentes composantes du groupe ont tenu leurs assemblées respectives et le Ministre de l’Agriculture a clôturé l’Assemblée de l’AGPM.
IRRIGANTS DE FRANCE : Anticiper les sécheresses à venir
L’Assemblée Générale d’IRRIGANTS de France a été l’occasion de revenir sur l’actualité de l’année marquée par des conditions climatiques exceptionnelles. Ces derniers mois ont également donné lieu à plusieurs avancées politiques : conclusion des assises de l’eau, nouvelle instruction pour les Projets de Territoire pour la Gestion de l’Eau (PTGE). Le Président Éric Frétillère a salué l’ouverture politique, soulignant qu’IRRIGANTS de France veillera à ce que les prochains PTGE sortent rapidement de terre. Il a rappelé toute l’importance de l’irrigation et du stockage de l’eau pour répondre aux attentes sociétales : équilibre écologique, biodiversité, réchauffement climatique… La ressource en eau est centrale et Irrigants de France veillera à ce que les avancées obtenues se transforment en actions concrètes pour mieux se préparer collectivement aux sécheresses à venir.
L’ASSEMBLÉE AGPM MAÏS SEMENCE : Dans le cadre d’une campagne difficile
L’Assemblée AGPM Maïs semence a dressé le bilan d’une campagne de production difficile en raison du climat, avec un résultat à 90 % de l’objectif technique. Comme l’a souligné le Président Pierre Vincens, la principale préoccupation demeure économique : les rémunérations sont sous pression depuis plusieurs années, et la contre-performance de cette campagne accentue les difficultés. Si la majorité des producteurs envisagent de poursuivre leur activité de multiplication, la capacité à financer de futurs investissements nécessaires reste posée. Cette réalité devra
s’imposer lors de la définition des conditions contractuelles 2020, alors que les surfaces de production devraient augmenter pour répondre aux besoins du marché.
SECTION MAÏS & SORGHO DE L’UFS : Innovation pour répondre aux marchés et aux nouvelles tendances
Alors que les marchés français et européens de semences de maïs affichent leur dynamisme (+ 4 % à l’échelle européenne), la sélection et la capacité d’innovation doivent être défendues pour répondre à l’agriculture d’aujourd’hui et la consommation de demain. Pour l’UFS, cela passe par une valorisation du progrès génétique et une modernisation de la promotion des variétés de maïs. La Section est donc engagée (avec le Géves et Arvalis) dans la digitalisation des résultats variétaux pour les rendre plus accessibles. La défense de l’innovation passe également par un cadre règlementaire lisible et stable. C’est pourquoi les entreprises semencières en appellent à une adaptation du cadre réglementaire européen aux techniques récentes d’amélioration des plantes.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’AGPM : S’engager pour la durabilité du maïs français
Devant l’Assemblée Générale de l’AGPM, le Président Daniel Peyraube a présenté son ambition pour un maïs en progression vers plus de durabilité à horizon 2025. Cette durabilité passera par une production rentable pour les agriculteurs mais aussi reconnue et acceptée par une société de plus en plus concernée par sa santé et le devenir de la planète. Dans ce contexte, l’AGPM oriente sa
stratégie vers trois axes :
• la durabilité, avec la définition et la promotion de pratiques durables pour le maïs français, notamment l’accompagnement d’exploitations vers la haute valeur environnementale HVE,
• la compétitivité, entre autres par l’obtention de réponses dans la prochaine PAC et sur le stockage de l’eau,
• la création de valeur ajoutée par la segmentation et la rémunération de services rendus à la société comme la captation du carbone.
Le Président de l’AGPM a souligné le besoin du soutien du Ministre de l’Agriculture et d’actions à entreprendre rapidement. Urgence à faire évoluer le cahier des charges de la certification maïs et à prendre en compte les difficultés climatiques de cet automne, lutte contre les distorsions de concurrence, fin des blocages abusifs d’ouvrages de réserves d’eau, développement de l’assurance récolte, accès aux solutions de protection des cultures, émergence d’une règlementation européenne permettant l’accès aux biotechnologies végétales, non signature de l’accord du Mercosur… autant de préoccupations fortes. « Nous avons écouté les attentes sociétales : le consommateur français est prêt à faire confiance à ses agriculteurs mais souhaite être rassuré sur la durabilité des pratiques. Nous avons tout remis à plat sans compromis, trouvé des marges de progression et nous nous y engageons dès aujourd’hui avec l’objectif d’atteindre, d’ici 2025, 10 000 exploitations maïsicoles certifiées HVE et million de tonnes supplémentaires de carbone captées sous forme de crédits carbone ». Le Ministre Didier Guillaume a félicité l’engagement de l’AGPM et souligné
l’ambition de la démarche. « Le tournant que vous prenez est en tout point remarquable. HVE, captation du carbone, vos orientations montrent que loin de courir après les demandes sociétales, vous prenez les devants ». Le Ministre a rappelé son volontarisme en matière de stockage d’eau : « oui, il faut que les ouvrages sortent de terre. Il n’est pas acceptable que des projets
de territoire acceptés soient bloqués ». Il s’est montré prêt à avancer en matière de certification maïs et partage pleinement la nécessité de s’en tenir à la science pour la prise de décisions. Il a également rappelé la volonté du gouvernement de défendre une PAC forte et de conserver les paiements de base les plus élevés possibles. Enfin, il a réaffirmé le refus d’entériner l’accord
du Mercosur.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FNPSMS : Préserver le leadership de la semence made in France
L’Assemblée Générale de la FNPSMS (Fédération Nationale de la Production de Semences de Maïs et Sorgho) a rassemblé les participants, issus des deux familles constituant l’interprofession : les agriculteurs multiplicateurs et les entreprises semencières. Le Président Pierre Pagès a rappelé l’objectif de consolider le leadership mondial et l’excellence de la filière française et les actions
mises en place en termes de performance agronomique et technique, de promotion à l’international et de prospective. Une table ronde sur les enjeux de la distribution de semences a permis de mesurer l’importance de travailler avec les différentes parties prenantes de la filière pour proposer aux agriculteurs une semence de qualité, répondant aux besoins du marché et permettant la co-création de valeur ajoutée auprès de tous les maillons.