AGPM Info technique 530

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Assurer le compromis rendement et valeur alimentaire en récoltant au bon stade ! Le maïs fourrage étant la base de l’alimentation hivernale de nos troupeaux, il y a un enjeu fort sur la récolte et la conservation de celui-ci. L’objectif est d’ensiler autour de 32-33 % de matière sèche plante entière et d’ensiler l’ensemble de ses parcelles dans la fourchette 31-35 % de MS.

Le chiffre du mois : 55 % c’est le pourcentage de chantiers d’ensilage réalisés à un taux de plus de 35 % de MS en 2023 selon les résultats
des 12 658 échantillons de maïs fourrage analysés dans les différents laboratoires français.

MAÏS FOURRAGE : QUELLES MÉTHODES POUR PRÉDIRE AU MIEUX LA DATE DE RÉCOLTE ?

Pour atteindre l’objectif d’un stade de récolte proche de 32-33% de matière sèche plante entière, assurer une bonne conservation et une qualité la meilleure possible de l’ensilage de maïs, l’anticipation est de rigueur. Dès la floraison du maïs, il est possible de faire une première estimation de la date de récolte. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées : les modèles de prévisions et les observations au champ se complètent utilement.

RETOUR SUR LE DÉBUT DE CAMPAGNE : DES CONDITIONS FAVORABLES AUX SEMIS QUI TARDENT À ARRIVER, DES SEMIS DE MAÏS FOURRAGE TARDIFS ET ÉTALÉS DANS LE TEMPS JUSQUE COURANT JUIN

Le mois d’avril, traditionnellement annonciateur des semis de maïs, a été pluvieux et froid avec des températures encore gélives à la mi-avril. Les premiers semis de maïs fourrage démarrent dans les derniers jours d’avril avec une première vague significative jusqu’au 10 mai. Sur les 2/3 sud de la France, les conditions humides perdurent pendant la première quinzaine de mai avec parfois des quantités de pluies importantes entraînant un fort décalage des dates de semis et parfois même des ressemis. Les chantiers de semis ont pu reprendre sur la dernière décade de mai pour se poursuivre jusque courant juin. Contrairement à l’année dernière, le mois de juin plus froid que la médiane des 10 dernières années (et plus particulièrement dans le quart nord-est) n’a pas permis de rattraper le retard pris depuis les semis. On observe fréquemment dans les parcelles de maïs, des hétérogénéités de stades ou de peuplement en lien avec ces conditions d’implantation et un démarrage dans un contexte climatique peu poussant pour les maïs. Les ravageurs de début de cycle ont été observés avec en premier lieu des attaques de limaces très importantes dans toutes les régions. Les taupins, mouches des semis et vers gris sont aussi fréquemment signalés ainsi que les oscinies. La géomyze est présente dans les régions de l’ouest avec des attaques modérées cette année. Enfin, les corvidés font un peu moins parler d’eux cette année, même si pour les parcelles attaquées, le constat est souvent dramatique.

PRÉVISION DE LA DATE DE RÉCOLTE À PARTIR DE LA FLORAISON AU MOYEN DES SOMMES DE TEMPÉRATURES (MODÉLISATION)

Pour s’adapter à cette année culturale et prendre en compte la diversité des dates de semis, il sera essentiel de repérer la date de floraison femelle (correspondant à la sortie des soies) qui est une première information fiable quant au développement de la culture. Cette dernière permet de faire une première une estimation de la période optimale de récolte. Comme le précise le tableau 1 et selon la précocité de la variété, il faudra ensuite cumuler entre 560 et 750° (en base 6-30 °C) pour arriver autour du stade 32 % de matière sèche plante entière. Pour déterminer la date de floraison, il faut visiter régulièrement les parcelles au moment de l’apparition des soies. Par comptage de plantes dans une zone représentative de la parcelle (éviter les bordures), on détermine le
pourcentage de plantes présentant au moins une soie. Une plante est fleurie lorsqu’elle présente au moins une soie, et la parcelle est fleurie quand 50 % des plantes présentent des soies.
Durant l’été, comme depuis plusieurs années, des cartes de prévisions de date de début de récolte par secteur seront publiées par Arvalis à partir de fin juillet puis courant août permettant de préciser ces calculs en intégrant la météo réelle depuis la date de floraison.

EFFECTUER UN SUIVI ET DES MESURES AU CHAMP

Tout d’abord, rappelons que pour observer les grains ou prélever des plantes en vue d’une analyse de matière sèche, il est indispensable d’éviter les rangs de bordure, de rentrer à l’intérieur
de la parcelle, et de repérer une zone homogène, représentative de la culture. Une première méthode consiste à observer plusieurs épis consécutifs qui sont despathés et coupés en deux :
l’aspect du grain sera observé sur les couronnes centrales de chaque épi. L’amidon dans les grains est présent sous trois formes : amidon laiteux blanc liquide, amidon pâteux jaune clair, et amidon vitreux jaune brillant difficilement rayable à l’ongle. Au stade optimal de récolte, ces 3 amidons sont répartis en 3 tiers dans les grains des couronnes centrales de l’épi comme le montre la photo ci-dessous. À ce stade, on observe souvent un début de dessèchement des spathes ou un dégagement du sommet de l’épi (grains visibles) mais cela n’est pas systématique.
Lorsque les conditions de cultures ont été « normales », tant du point de vue des dates de semis que des conditions climatiques, ce stade optimal correspond à environ 32-33 % de matière sèche de la plante entière. Cette valeur est à moduler en fonction du développement respectif des épis et des tiges : un peu plus humide (jusqu’à 29-30 % MS) si la proportion d’épis est faible et/ou l’appareil végétatif riche en eau ; un peu plus sec (35 % MS) si la proportion d’épis est élevée et/ou l’appareil végétatif desséché.

Une deuxième méthode consiste à prélever des plantes pour déterminer le taux de MS. Pour être fiable, la détermination du taux de MS doit se faire sur un échantillon de plantes représentatives du champ. On se placera dans une zone homogène et on coupera dix plantes successives à 15 cm du sol. Ensuite, les plantes seront broyées et on prélèvera un échantillon en ayant pris soin de ne pas perdre de grains (les grains, plus lourds que les tiges et feuilles, ont tendance à tomber au fond de l’échantillon). L’échantillon sera placé dans un sac plastique dont on extraira le maximum d’air avant fermeture avant de le déposer au plus vite au laboratoire. Enfin, de nombreuses structures d’accompagnement technique se proposent maintenant de suivre l’évolution de la maturité des maïs. Les parcelles doivent être représentatives des surfaces cultivées (date de semis, précocité variétale) et les mesures réalisées au minimum une fois par semaine, voire plus fréquemment en cas d’épisode de fortes chaleurs. La diffusion de ces informations donne aux agriculteurs des informations utiles pour décider de leur date de chantier, en complément de leurs propres
observations.