Préservez l’intégralité du grain et sa qualité sanitaire
La qualité technologique d’un grain comprend la qualité physique (grains cassés et/ou fissurés, poussières) et l’aptitude à la transformation et au stockage (teneur en amidon, humidité, …). Le grain arrive généralement en bonne qualité physique à maturité physiologique. Des fissures peuvent apparaître en conditions naturelles en fin de cycles sur les extrémités des épis, à la suite de chocs thermiques jour/nuit, mais ce phénomène est rarement observé. À la récolte, deux principaux facteurs peuvent endommager cette qualité : un réglage inadapté de la moissonneuse batteuse et une vitesse d’avancement excessive.
LA RÉCOLTE UNE ÉTAPE CLEF
La récolte est une étape essentielle pour assurer les qualités technologique et sanitaire des grains de maïs. Pour cela, il faut prendre en compte quelques mesures permettant de limiter les fissures et les contaminations.
RÉGLER AVEC SOIN LA MOISSONNEUSE BATTEUSE
Un réglage inadapté produit davantage de grains brisés ou fissurés. Le grain se trouve ainsi fragilisé tout au long du cycle de la chaine de collecte. Ces fissures sont le résultat d’une action mécanique violente, et constituent une porte d’entrée pour la flore fongique (risque de production de mycotoxines pendant le stockage) et renforcent fortement le risque d’échauffement. L’ajustement du réglage de la moissonneuse batteuse doit être réalisé régulièrement, puisqu’il varie en fonction de l’humidité de récolte et de la « facilité de battage » de la variété. L’écartement batteur/contre-batteur et la vitesse du batteur vont conditionner le taux de grains cassés et le nombre d’épis incomplètement battus, ils doivent être ajustés en fonction de la taille des épis. Un écartement du contre-batteur de 30 mm à l’entrée et de 15 mm à la sortie convient à des variétés précoces, se battant facilement. Cet écartement doit être augmenté de 5 à 10 mm pour les variétés tardives dont les épis sont plus gros. Dans le cas de variétés plus difficiles à battre, cet écartement peut être ramené à 25 mm à l’entrée et à 12 mm à la sortie. De bons réglages de la moissonneuse batteuse favorisent la propreté et limitent les risques de brisures et de fissures. Ils permettent en effet de laisser au champ les grains altérés, ou fusariés, et les impuretés qui sont toujours plus
humides que le maïs et sont donc sources d’échauffements. Limiter les risques de brisures et de fissures est également important car le taux de grains brisés/fissurés et la quantité de freintes « non commercialisables » augmenteront pendant les étapes suivantes de séchage et de stockage. Sur le plan économique, la production de brisures tout au long du processus nécessite des moyens de nettoyages lourds et entraîne des pertes de matière inévitables.
LIMITER LE RISQUE SANITAIRE… AVANT LA RÉCOLTE
La maîtrise de la qualité sanitaire du maïs est un enjeu majeur de la filière et une condition essentielle d’accès au marché. La prévention passe par celle des fusarioses des épis, responsables de la production de fusariotoxines. Plusieurs leviers d’action doivent être mobilisés simultanément pour les contrôler : broyage des résidus de récolte ; choix de variétés de moindre sensibilité à Fusarium spp., de précocité adaptée à la région et à objectif de récolte précoce ; protection de la culture vis-à-vis des insectes foreurs ; dates de récolte précoces pour esquiver les automnes doux et humides. Les limites maximales de teneurs en déoxynivalénol (DON), zéaralénone et fumonisines (B1 + B2) pour l’alimentation humaine, instaurées par la réglementation européenne, fixent des
conditions d’accès au marché en matière de qualité sanitaire. Pour l’alimentation animale, des recommandations sont émises, mais aucune limite maximale réglementaire n’est fixée. Certaines toxines ne font à ce jour l’objet d’aucune réglementation, mais sont régulièrement présentes, et par conséquent activement surveillées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Le DON
et la zéaralénone sont sécrétés par Fusarium graminearum, tandis que les fumonisines sont produites par F. verticillioïdes. Il est donc essentiel de maîtriser les fusarioses des épis pour préserver la qualité sanitaire du maïs. Le climat a un poids prépondérant sur l’infection et le développement des fusarioses des épis et leur production de toxines, et plus spécialement les pluies au moment de la floraison femelle. En cas de risque fort, il convient d’adapter l’itinéraire technique du maïs. Plusieurs leviers techniques peuvent être mis en œuvre simultanément. Le premier est variétal. Le choix de variétés précoces permet, en avançant le cycle, d’atteindre des niveaux de teneurs en eau du grain plus faibles lorsque les conditions d’hygrométrie de l’automne redeviennent propices à la progression des pathogènes. L’exposition du maïs aux fusarioses des épis est donc réduite. Il est conseillé également d’écarter les variétés les plus sensibles aux fusarioses. En cas de précédent maïs, il est conseillé de broyer les annes immédiatement après la récolte et de les incorporer au sol sous forme de mulch. En effet, les résidus de surface constituent un potentiel infectieux pour le maïs suivant, tant pour les fusarioses que pour les foreurs. Ces recommandations, tributaires des pluies de l’automne, impliquent un ajustement des dates de récolte et du calendrier des interventions. Les attaques des insectes foreurs sur épis et tiges, telles que les pyrales ou sésamies, favorisent l’entrée du champignon F. verticillioïdes, responsable de la sécrétion de fumonisines. Il convient donc de limiter les populations pour éviter la production de ces mycotoxines. Si malgré ces différents leviers, les symptômes s’installent tout de même, la récolte doit être anticipée pour limiter la progression des fusarioses et l’accumulation de toxines. Elle tient compte du risque lié aux pratiques culturales, des conditions climatiques de l’année, du diagnostic des attaques de Fusarium, et enfin des prévisions climatiques des semaines suivantes.