La réussite du maïs se joue au semis
Le semis est l’opération la plus importante de l’itinéraire technique. Après les forts cumuls de pluie de ces dernières semaines, la prudence est de mise pour reprendre ses sols dans de bonnes conditions avant l’implantation. Car la date du semis et sa qualité sont les deux critères décisifs. Pour mettre toutes les chances de son côté, faisons ensemble le point sur les risques possibles et les bons réflexes à adopter pour assurer la mise en place du système racinaire.
Semis du maïs : bien se préparer pour une levée rapide et homogène
Les conditions de semis sont déterminantes pour obtenir une levée rapide et homogène. La
préparation est donc une phase importante qu’il faut anticiper pour disposer des meilleures
conditions pour placer la graine dans un sol meuble et rappuyé, et assurer une bonne alimentation
hydrique et minérale.
Vérifier le bon état du semoir
Pour les cultures de printemps telles que le maïs, on dit souvent que le semis est l’opération la plus importante de l’itinéraire technique. Elle conditionne la mise en place d’un hybride, d’un engrais starter, d’une protection insecticide. Pour réussir ce challenge, le semoir doit être en bon état et bien réglé. Pneus gonflés, socs en parfait état, aspiration sans faille… pas moins de huit points de contrôle sont à vérifier à la ferme avant d’affiner les réglages au champ*. La densité est un autre point de vigilance qu’il convient de contrôler pendant le semis, selon la méthode suivante.
Ben positionner la graine
La graine doit être semée à une profondeur régulière d’environ 4-5 cm dans le « frais ». Positionnée moins profondément, elle est plus exposée aux attaques d’oiseaux et risque de ne pas germer en cas de conditions climatiques sèches les jours suivants le semis. Si elle est placée trop profondément, la levée sera plus lente et moins régulière. De plus, pour assurer une profondeur et une répartition régulière des graines, il convient de semer à une vitesse modérée (6-7 km/h). A des vitesses plus élevées, la précision est moindre, le semis moins profond et les intervalles irréguliers. La préparation du sol a pour but de créer une structure favorable à la levée et à l’enracinement du maïs, autrement dit une
terre ameublie en profondeur et rappuyée, et un profil de sol homogène. Attention aux préparations trop creuses et soufflées, notamment en conditions sèches : un défaut de rappuyage limite le contact sol-graine et racines-sol, ce qui compromet l’humidification de la graine et le bon enracinement de la
jeune plantule. Or, un bon enracinement est indispensable pour assurer une alimentation hydrique et minérale du maïs satisfaisante. Il convient d’être vigilant à la transition entre le lit de semences et l’horizon travaillé : elle doit être progressive, car au sevrage (stade 4-5 feuilles), les jeunes racines se développeront dans cette zone.
La fertilisation starter assure un bon démarrage
Associée à un semis précoce, la fertilisation starter a un effet positif sur le démarrage des plantes : une plante qui démarre vite est moins sensible aux attaques des ravageurs et s’implante mieux. Les meilleurs résultats s’observent pour des semis précoces, dans des parcelles froides avec un potentiel de
rendement élevé. L’azote ainsi apporté est à prendre en compte dans le raisonnement de la fumure de la parcelle.
Microgranulés avec diffuseurs
Pour protéger les prochains semis de maïs contre les attaques de ravageurs du sol, le recours à des produits microgranulés est la seule option possible. Appliqués dans la raie de semis, ils protègent la jeune plante et sécurisent le peuplement. Les produits microgranulés à base de pyréthrinoïdes (Belem 0.8MG, Fury Geo, Karaté 0.4GR, Trika Expert+) demeurent applicables avec diffuseur et présentent
un niveau de protection contre les taupins satisfaisant.
Reprise des sols
Semer tôt ne se décide pas sur un calendrier ; il faut attendre le ressuyage du sol avant d’intervenir dans la parcelle et viser un profil sans semelle, sans lissage par les outils et sans compaction, pour faciliter la mise en place des racines. Un bon travail du sol en conditions ressuyées apportera plus de résultat qu’un semis réalisé quelques jours plus tôt en sol non ressuyé. Commencer les reprises de sol trop tôt, alors que celui-ci n’est pas suffisamment ressuyé, peut s’avérer contreproductif . Le premier risque est de ne pas réussir à créer un lit de semence adapté : lorsque le sol est trop humide, le travail du sol crée des mottes susceptibles de durcir et perturber les levées. De la même manière, une reprise trop profonde ramènera des mottes plus humides à la surface. Le second risque est de générer du tassement en profondeur : même si les 10 ou 20 premiers centimètres sont bien ressuyés, les horizons
profonds, restent sensibles au tassement. Il est donc indispensable de s’assurer que le sol est ressuyé sur toute l’épaisseur de la couche arable. Le modèle Terranimo permet de prévoir les risques de tassement en fonction du poids des machines et de l’état du sol. Pour vérifier que le sol soit suffisamment portant et ressuyé pour être travaillé, des tests simples existent. Lorsque l’on prend une motte dans la main et qu’on exerce une pression entre les doigts, si elle s’émiette sans coller, le sol est au bon état d’humidité pour être travaillé ; si elle s’émiette en collant et forme des boulettes, il y a des risques de faire des mottes et de tasser le sol ; enfin, si elle est modelable et colle aux mains, il est beaucoup trop tôt pour intervenir. Après les forts cumuls de pluie de ces dernières semaines, la prudence est de mise pour reprendre les sols dans de bonnes conditions avant l’implantation des cultures de printemps. Des comparaisons de rendement entre sols tassés et non tassés ont montré
que le maïs est sensible à la compaction. Les pertes ont atteint 20% du rendement en maïs grain en sol argileux en région Midi Pyrénées et 35% en maïs fourrage en sol limoneux dans les pays de la Loire. Le cycle tardif du maïs est aussi davantage impacté par la disponibilité en eau que d’autres cultures, et il implique que la plante soit bien enracinée pour limiter les stress hydriques. L’irrigation et la fertilisation peuvent atténuer les conséquences du tassement mais pas les annuler intégralement.
Les semis précoces ? Viser le compromis
Les dates de semis du maïs ont régulièrement été avancées depuis les années 1970 avec un gain de l’ordre de trois semaines. Les semis précoces ont en effet de multiples intérêts : récolter à des teneurs en humidité réduite, avoir plus de latitude pour semer la culture de céréales à paille, cultiver des
variétés plus tardives plus productive ou encore, rechercher un effet d’esquive dans le cas de cultures pluviales à déficits hydriques de post-floraison fréquents (positionner la période de définition du nombre de grains/m² dans des conditions d’alimentation hydrique plus favorables). Les semis ultra précoces (début avril dans le Nord, fin mars dans le Sud) ne sont pas toujours gagnants car le froid et la pluviométrie peuvent être sources de stress en début de cycle de végétation et exposer la culture, dont les stades s’enchaînent très lentement, aux bioagresseurs. Mais si le déficit hydrique s’avère être le plus impactant pour le rendement (selon le lieu et la réservedu sol), alors la moindre efficacité de la
photosynthèse liée au froid en début de cycle, reste secondaire en comparaison de semis trop tardifs.