Rotation à la parcelle, des effets négatifs en cascade

Décidément les « fausses-bonnes idées » se multiplient à Bruxelles. Après la « Taxonomie » qui stigmatise l’agriculture en la qualifiant de non durable, l’obligation de rotation à la parcelle dans la PAC constitue un autre exemple de déconnexion des milieux communautaires avec la réalité agronomique et économique. Si la rotation est de fait une réalité dans la plupart des exploitations, elle constitue un souci constant pour le secteur du maïs qui peine à faire comprendre ses spécificités. Avec la rotation à la parcelle – qui apparait aux décideurs comme un mieux-disant – on assisterait à des effets en cascade à l’exact opposé du but poursuivi. Le premier effet, le plus visible consisterait en une réduction massive des productions. A titre d’exemple en France, elle est estimée à – 20% pour le maïs grain et – 15% pour le maïs fourrage. La perte serait encore plus forte pour le maïs semences (de l’ordre de – 40%), le tout à un moment où une équivalence vient d’être accordée à l’Ukraine pour exporter ses semences dans l’UE et où l’autosuffisance européenne en maïs se réduit d’année en année. Cette diminution drastique de la production va avoir d’importants effets au niveau des filières avales, à commencer par l’alimentation animale. Il ne faut pas oublier que le maïs produit sur les fermes vise à nourrir les volailles, porcs ou bovins présents sur les exploitations ou via des usines d’aliments. Outre la très importante perte de revenus qui en résulterait, d’importantes pertes d’emplois seraient à prévoir dans certains territoires, ainsi que la remise en cause des circuits-courts l’un des principes-clés de l’agriculture durable. Enfin, et ce n’est pas le moins important, la perte de surface de maïs devrait être compensée par des cultures de remplacement, mais là encore avec des dommages sur l’environnement car le maïs – et chacun devrait le savoir – constitue une culture à faible utilisation de protection sanitaire et l’une des plus efficace pour le stockage du carbone et la gestion de l’eau. En outre, le maïs est historiquement à la pointe de l’innovation en bioressources pour les bio-plastiques et le bio-éthanol en particulier.
J’ai toujours entendu dire qu’il ne faut jamais changer une équipe qui gagne. Ici c’est l’inverse, en changeant un seul paramètre, c’est l’ensemble de l’éco-système que l’on détruit pour le bénéfice de personne, si ce n’est des concurrents internationaux.