Editorial: Les Plans Stratégiques Nationaux, un déni démocratique
Il faut reconnaître à la Commission un grand talent pour profiter à plein de la guérilla pour le pouvoir à laquelle se livrent les Institutions européennes. Nous en avons chaque jour la démonstration avec les actes délégués et très récemment sur la taxonomie ce dernier avatar des politiques communautaires.
La mise en œuvre des Plans Stratégiques Nationaux nous en offre un nouvel exemple. Officiellement il s’agit pour la Commission « d’aider » les Etats membres à soutenir la mise en œuvre de la PAC avec en arrière pensée l’idée de « rehausser » l’ambition environnementale de l’Union. En réalité, la Commission entend récupérer ce qu’elle a dû abandonner aux co-législateurs lors des négociations ayant conduit à la réforme de la PAC applicable en 2023. La Commission entend approfondir la vision
idéologique qu’elle promeut dans son Pacte vert et son projet « De la ferme à la fourchette ».
Loin « d’aider » les Etats membres, la Commission s’emploie à leur mettre la pression. Pire, à les jouer les uns contre les autres. Comme si les décisions du Conseil des Ministres et du Parlement européen ne comptaient pas. La BCAE7 en est l’exemple type, avec la volonté d’imposer à tous une rotation à la parcelle, pourtant amendée en trilogue. Mais ce n’est pas le pire quand on voit las situation des agriculteurs hollandais en plein conflit contre la réduction des émissions d’azote à laquelle pousse la
Commission. Malheureusement dans ce contexte, il semble que nos interlocuteurs naturels de la DG Agri peinent à porter une nouvelle ambition réaliste pour l’agriculture européenne, face aux exigences des DG ENVI, GROW ou SANTE selon les cas. Or l’urgence climatique et le nécessaire retour à une
forme de souveraineté alimentaire et énergétique l’imposent !